Le marché du logiciel SaaS en 2022

Découvrez tous les chiffres des 250 premiers éditeurs en France, les opérations de levée de fonds, les acquisitions et le marché du logiciel SaaS. 

Numeum et Ernst & Young ont publié leur rapport annuel sur les éditeurs de logiciels et notamment des SaaS (43% du CA en 2020). 

Au programme sur ces 10 dernières années, un chiffre d’affaires qui a doublé, une activité SaaS qui passe de 10% à 43% du CA. Des levées de fonds et acquisitions qui doivent aider les éditeurs à passer la difficulté de vendre à l’international (la liste des 16 plus grosses levées et des 33 plus grosses acquisitions à la fin de l’article) et à passer la taille critique – seulement 147 éditeurs sont au-dessus des 10 M€ de ventes. Enfin, l’innovation et la gestion des emplois pénuriques restent des enjeux majeurs. 

marché du logiciel SaaS – Croissance et profitabilité

9% des éditeurs de logiciels représentent à eux-seuls plus de 74% des 18 milliards de chiffre d’affaires du secteur. Et le top 3 représente près de 45% avec les incontournables Dassault Systèmes et son logiciel de CFAO Catia, Ubisoft pour les jeux vidéos, et Critéo champion du retargeting qui subit néanmoins les effets de l’arrêt des Cookies Tiers. Cette forte concentration du secteur est à risque, car si à peine plus d’une centaine d’éditeurs dépassent les 10 M€ de facturation, la capacité d’innovation du secteur est entre les mains des sociétés fortement capitalisées.

croissance et profitabilité

D’autant que la rentabilité démarre en général après la fin de la “death valley” qui nécessite de forts investissements en R&D, marketing, support et ventes, pour atteindre un ratio d’environ 30% d’EBIDTA au-dessus de 5 M€. 90% des éditeurs de logiciels de plus 50 M€ sont rentables, contre 68% en dessous de 5 M€. 

Enfin la croissance est surtout marquée par le secteur B2C – +35% pour un secteur représentant 17% des ventes –  et notamment des jeux vidéos,  après une période Covid ayant ralenti les secteurs B2B avec un petit +5%.

Sur la croissance, la taille des éditeurs importe peu.

Le SaaS est de loin le premier mode d’usage du logiciel

Le SaaS – ou logiciels disponibles sur un simple accès par login / mot de passe via le cloud – représente 43% des ventes des éditeurs en 2020, contre moins de 10% en 2010. Pour 2022 c’est plus de 78% des ventes de licences qui sont prévus par les éditeurs eux-mêmes, contre seulement 15% en licences perpétuelles et sur les serveurs de l’entreprise (on-premise).

saas premier mode d'usage

C’est une révolution qui permet aux éditeurs de ne gérer qu’une seule version de leur logiciel, puisque celui-ci est sur leurs serveurs, et non plus sur les serveurs des clients, mais aussi de maximiser la valorisation de la société à des multiples d’ARR (Annual Recurring Revenue, ou montant des abonnements annuels au logiciel) très élevés : de 3 à 6 pour des sociétés MRR (Monthly Recurring Revenue) inférieur à 400 K€, à plus de 16 pour des sociétés côtées en bourse. Normal, car cela permet une prévisibilité des revenus élevées, les éditeurs contractualisant sur 12 mois et plus (jusqu’à 36 mois) dans 75% des cas, et facturant tous les 12 mois à plus de 54%. Avec un BFR négatif (Besoins en Fond de Roulement, ou liquidités nécessaires pour permettre de produire avant de se faire payer par les clients), les éditeurs dégagent un cash flow positif leur permettant d’investir plus facilement quand dans d’autres secteurs d’activités comme l’industrie par exemple. 

LIRE “QUEL EST UN BON TAUX DE CHURN MENSUEL POUR VOTRE SAAS ?

En conséquence les KPI (Key Performance Indicator, ou Indicateur Clés de Performance) deviennent les fameux ARR et MRR précités, mais également le Churn Rate (perte des clients abonnés ou taux d’attrition) ou la Lifetime Value (valeur totale du client) et le CAC (Coût d’Acquisition Client ou Customer Cost of Acquisition). 

Les financements et la croissance externe au service de l’international

Ne nous cachons pas derrière notre petit doigt, l’international et l’export restent le talon d’Achille de l’industrie du logiciel. Si les éditeurs de plus de 100 M€ exportent à plus de 67%, pour les PME du SaaS à moins de 10 M€ d’ARR la France représente encore 85% des revenus. 

carte financement croissance

Ce qui est le plus étonnant c’est que les USA reste la première zone d’exportation. Étonnant car l’accès aux USA reste cher pour y mettre un pied en direct. L’étude ne donne pas d’information sur la part de l’indirect. Après l’Europe retrouve sa prédominance, avec les pays limitrophes de la France : UK, Allemagne, Belgique, Suisse, Espagne et Italie dans des proportions peu ou prou équivalentes. Là aussi ça respecte assez peu la hiérarchie en termes de volume d’achats de ces zones qui voient UK et Allemagne largement devant les autres. 

Sur les éditeurs SaaS qui ont passé la Death Valley, deux facteurs clés de succès émergent pour permettre de se lancer à l’international : le financement via les levées de fonds et la croissance externe. Les levées de fonds étant d’ailleurs largement utilisées pour la croissance externe sur les SaaS qui ont dépassé les 5 M€ d’ARR. 

Si les éditeurs sont autofinancés largement à plus de 90% grâce à la bonne rentabilité du secteur, le top 20 des “fundraising” a crevé le plafond des 3,7 milliards d’euros contre 1,4 miliards l’année d’avant. Les tours à plus de 100 M€ quant à eux passent de 4 à 12. Et 2022 a démarré sur les chapeaux de roues avec Akeneo à 135 M€ ou l’éditeur CRM Sellsy avec 55 M€. Ces financements vont permettre soit de recruter des équipes à l’international, soit de financer des acquisitions dans les pays ciblés. 

D’ailleurs les opérations de croissance externes ont concerné près de 18% des éditeurs. Si la France reste une zone ciblée à 67%, 33% des acquisitions vont concerner un autre pays. 

Hyper-réactifs, les éditeurs réorganisent les modes de travail

implantation télétravail

80% des éditeurs voient leurs effectifs augmenter, soulignant le dynamisme du secteur. Ce dynamisme est en revanche contrarié par les difficultés que 83% des entreprises rencontrent à faire face aux emplois pénuriques : à 68% pour des développeurs, à 15% des commerciaux. La réponse hyper-réactive des éditeurs à été de s’adapter à ce contexte en travaillant sur l’inbound recruiting en amont, et sur la fidélisation des collaborateurs (comme ils savent bien le faire pour améliorer le churn rate de leurs clients) en aval. Avec 2 leviers principaux. 

Le premier est classique en proposant des primes sur objectifs, des actions de l’entreprise – BSPCE ou actions gratuites -, et l’intéressement largement défiscalisé en France. 

Le second est assez nouveau, et rendu largement accessible depuis la crise du COVID en 2020/21, c’est le télétravail. Si 71% des éditeurs de logiciel avaient pour habitude de laisser leurs collaborateurs choisir 1 à 2 jours par semaine de télétravail, ce sont désormais 3 à 4 jours par semaine qu’ils se voient proposer  de rester travailler depuis chez eux.  

 par 50% de leurs employeurs. Voir tous les jours à 46%. C’est énorme, et demande de penser les aspects sociaux et créatifs par une floraison d’outils logiciels nouveaux  comme Slack, Zoom, Teams ou les Français de Jamespot. C’est également parce que les éditeurs sont sur-équipés en CRM et autres solutions de marketing automation, que leur adaptation a pu être si rapide versus d’autres secteurs économiques. 

L’innovation au cœur des préoccupations des éditeurs Français de logiciels

innovation et préoccupations des éditeurs logiciels Francais

C’est une constante quelle que soit la taille de l’éditeur de logiciels. Plus de 30% des effectifs et 20% du chiffre d’affaires sont investis au profit de la R&D. C’est normal, c’est le cœur de la différenciation dans un secteur qui innove énormément. Et dont les technologies ne cessent d’alimenter le champ des possibles. Que ce soit la performance des puces et donc des serveurs et ordinateurs, mais aussi l’intelligence artificielle qui permet d’exploiter l’ensemble des données, ou les algorithmes introduits dans nos maisons avec Alexa ou Google Home, ou dans nos voitures avec Siri.

L’état Français aide énormément l’industrie du logiciel avec à ce jour trois principaux dispositifs : 

  1. le Crédit d’Impôt Recherche – ou CIR – utilisé par 71% des éditeurs, et qui permet d’employer des docteurs sur des sujets d’innovation proche de la recherche universitaire. 
  2. Le Crédit d’Impôt Innovation – ou CII -, plus récent depuis 2013 et utilisé par 56% des éditeurs de logiciels. Il permet une notion moins “recherche fondamentale” et plus appliquée de l’innovation avec la création de fonctionnalités nouvelles répondant à une demande du marché et pouvant être commercialisée dans les 12 mois suivants. 
  3. Enfin depuis 2019, l’IP Box est introduit en France à la demande de la Communauté Européenne afin de limiter les avantages fiscaux des paradis fiscaux internes à l’Europe comme le Luxembourg, ou externe comme la Suisse. Le dispositif offre aux entreprises la possibilité de bénéficier d’un taux préférentiel à l’impôt sur les sociétés (IS) pour les revenus issus de la Propriété Intellectuelle liés à des travaux de R&D engagés en France. Il est encore sous-utilisé à moins de 13% des éditeurs de logiciels. 

Conclusion

Le rapport annuel publié par Numeum et Ernst & Young montre un dynamisme incroyable du secteur de l’édition de logiciels en termes de croissance de chiffre d’affaires, de rentabilité, de financements, et d’innovation. En revanche, ses points faibles structurels restent la croissance à l’international et la pénurie d’emplois qualifiés en développeurs et désormais également en ventes et marketing. Le soutien de l’État Français sur le secteur reste un facteur clé de succès. 
Numeum est le premier syndicat professionnel des entreprises du numérique en France. Il regroupe les entreprises de services du numérique (ESN), les éditeurs de logiciels, les plateformes et les sociétés de conseil en technologies en France. Numeum représente plus de 2 300 entreprises qui réalisent 85% du chiffre d’affaires total du secteur en France. 

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